Pour finir cette année 2015, nous avons laissé carte blanche à notre interviewer en chef, Johann Mouchel. C’est ainsi qu’il choisi de poser ses questions à sa favorite du circuit féminin : Johanne Defay. Johanne termine sa saison à la 8ème place du WT, même bon résultat qu’en 2014, la surfeuse Réunionnaise qui affectionne particulièrement les Landes, revient, avec la bonne humeur et le réalisme qu’on lui connaît, nous tirer le bilan de cette année de plus parmi les Pros !
Salut Johanne, la saison est terminée, besoin de souffler ?
Oui et non… l’envie de souffler est là mais l’envie de me remettre au travail est également déjà là. Je pense que c’est ce dernier résultat à Maui qui me donne déjà envie de m’entraîner. Mais, se reposer fait aussi partie de l’entrainement et si je veux arriver avec les crocs à Snapper en mars prochain, il ne faut pas trop tirer sur la machine. Alors je vais souffler un peu..
Hawaii dans des conditions comme celles là ça fait plaisir ?
C’était juste incroyable ! Je me suis laisser prendre au jeu, j’avais envie de toutes les prendre, et je pense finalement que ça m’a fait défaut au round 4, j’aurai dû être plus posée. C’était frustrant de faire qu’une série ce jour là. C’est en partie pourquoi je suis déçue, je n’ai pas pu surfer autant que je l’aurais voulu dans de telles conditions…
Tu termines 8ème comme l’an dernier (rookie of the year), superbe année donc, quel bilan tires-tu de ces deux saisons sur le Dream Tour ?
Que j’adore ça ! J’adore la vie de sportive et j’adore ce sport. À chaque fin d’année, je me dis que j’aurais pu mieux faire et qu’il faut y croire dur comme fer.
Le Tour est-il comme tu l’imaginais ?
Je ne m’imaginais pas à quel point il fallait travailler et se remettre en question, et ne pas flancher mentalement. Je crois que j’ai vraiment découvert le sport de haut niveau et tant mieux car j’adore ça ! Tout est très bien et les filles sont de supers nanas. Le point difficile pour moi est l’attente, les « laydays » quand on est pas sur place, on ne se rend pas compte à quel point la pression est forte, de même que ta forme varie tous les jours et maintenir ce tonus sur deux semaines n’est pas si évident. En ce qui concerne les spots, il y en a certains dont je ne suis pas fan comme Rio ou Cascais, ce sont des vagues aléatoires et des fois ça peut être vraiment pourri. Mais je ne vais pas me plaindre !
Qui t’entoure dans ta préparation ?
Simon Paillard est mon coach et c’est aussi mon copain. Il ne peut pas m’accompagner partout mais au moins on échange facilement à distance. Il m’aide dans l’approche des compétitions, dans mon entrainement physique et dans ma communication. Principalement il me donne confiance en moi, mon surf et mon entrainement dans les moments de doute. Il a un oeil objectif sur ma carrière et m’aide à me remettre en question en temps qu’athlète de haut niveau. Nous formons un bonne équipe.
Comment se gère un Tour sans sponsor majeur ?
2014 a été plus dur que 2015. Cette année je me suis sentie super soutenue par le crowdfunding et mes autres partenaires : Porosus, Timspirit, Jeremy Florès, Puressentiel, Smith Optics, CGCB avocats, Seventyone Percent et Curz’In. Je les remercie tous. J’ai mes périodes où je suis un peu plus affectée par ma situation, lorsque je commence à me comparer aux autres, c’est humain de se comparer aux autres mais c’est bien une des pires choses à faire dans n’importe quelle situation. Tout le monde à son parcours, son chemin et celui-ci est le mien. Ça viendra !
Es-tu consciente de marquer l’histoire du surf européen de part tes performances notamment cette année ?
Je pense en être consciente mais je pense surtout à comment le marquer encore plus.
Que te manque t’il pour accéder au titre ultime, car on a vu cette année que tu peux tout gagner, même s’il y a encore des petits réglages à faire sur les choix comme lors du Roxy Pro France ?
Dans le sport de haut niveau, ce sont les détails qui vont tout changer à la fin. J’ai vu que je pouvais faire la compétition parfaite comme à Huntington. Je me le suis prouvé avant tout. Le surf est un sport qui réunit beaucoup d’éléments, toi et ton état d’esprit, ta préparation, le spot et ses aléas, tes planches etc… Il me manque un équilibre au niveau de l’approche de la compétition et plus précisément de mes séries, mon attitude n’est pas toujours la bonne. Je ne suis pas calée sur mes planches pour tous les différents spots. Techniquement, il me manque le tube et je dois progresser frontside.
Tu n’as pas fais de wqs cette année, un choix risqué ?
En fait j’ai appris de l’année passée. Je n’arrive pas à faire les deux circuits, c’est trop d’objectifs différents, trop de voyages et de décalages, trop de dépenses. J’ai besoin de concentration et évidement des périodes où je me pose et je m’entraine. Donc risqué dans un sens mais pas vraiment au final, c’est juste un choix, et il faudra que j’assume les conséquences si je dois recommencer à être sur le WQS.
En 2016, continuez à suivre Johanne :